Et si quand minuit sonne,
Quand le jour abandonne,
Nos solitudes étouffent sous un public gâteux,
Nos tableaux se meurent comme deux enfants fiévreux.
Si la galerie absurde de deux enfants terribles,
change nos chants profanes en poussières inaudibles.
Et si quand minuit sonne,
Au bord de ce canyon,
J'oublie tout du regard, qui fait accélérer;
Si nous partions seuls, chacun de son côté,
Et si je laisse notre oeuvre au bord du précipice,
Orpheline funambule saoulée par nos vices.
Et si quand minuit sonne,
Ma vie redevient conne,
Douze coups de carillon feraient de moi un con,
Cendrillon en haillon, moi en vieux pochtron!
Pauvre petit junky accroc à ses cachets,
Ignorait qu'à minuit la pharmacie fermait.
Et si quand minuit sonne,
Lorsque mon glas résonne,
Je découvre que ma vie n'était qu'anxiolitique,
Que le fou que j'ai joué était anorexique,
Alors mon être vide s'emplira d'une froide mort,
Car mon âme en exil aura fuit loin dehors.
Quand je n'aurai que mon corps à habiter, sa mort me fera peur.
Mes yeux quittant tes yeux pour fixer l'horloge,
Comme un mauvais élève quitte malgré lui des yeux
L'immaculée blancheur de sa copie creuse
Pour tenter de retarder d'un regard insistant
l'instant où tout se passe, l'instant où minuit sonne.
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