1984 c'est un drôle de titre pour un article! C'est pas très branché, en pleine crise d'années 80, c'est mal habillé, ça sonne comme un début de soirée dans une petite boite de nuit de province à l'odeur de tabac froid. 1984 c'est des espoirs et des utopies, des souvenirs et des hypothèses. 1984 c'est la science fiction pour ceux qui ne l'avaient pas connue et la préhistoire pour ceux qui ne la connaîtront jamais. 1984 c'est le nombre qui s'affiche à l'écran quand le clip "rouge" de Michel Sardou passe sur rfmTV,le dimanche après midi pendant la sieste et donc 1984 c'est avant tout une réalité. C'est une réalité comme 2004 est le nombre qui s'affiche quand Britney Spears se la joue toxique sur MTV: c'est un univers construit avec ses ambiances, ses sons qui construisent en direct des références à ses habitants. En 1984 entendre "rouge" de Michel Sardou c'était nouveau, ce serait demain, on avait du mal à s'y habituer, on connaissait 1983 et cela ne sonnait pas du tout pareil!
1984 est tellement réel que sous les ondes rougeoyantes grandissaient une bonne partie d'entre nous. En 1984 il y avait un petit garçon , sa soeur et leurs parents. Ils ont tous grandit et lisent cet article (ou ils l'écrivent), et ce sont les mêmes. Pas de discontinuité entre toutes ces heures depuis 1984. Pourtant le petit garçon ne se rappelle même pas de 1984, il n'avait que trois ans, et avant 4 ans on n'a guère le droit de se souvenir. Alors de 1984 il s'est consruit une image réductrice avec quelques photos, assis sur les genoux de sa soeur ou barbottant dans l'eau trop bleue et trop javélisée d'une piscine publique armé de gros brassards oranges. Mais 1984 comme tous les autres instants de son existence c'était un point de départ, celui du futur qu'il avait décidé de prendre en main, et une fin irrémédiable, celle du passé et de tout ce qu'il avait vécu jusque là: toute sa vie.
Evidemment en 2004, il se demande comment tous ces instants d'infinies possibilités , où tout commence et tout finit, l'ont conduit à devenir lui même, et comment en cet énigmatique 1984 celà pouvait il être le même lui même, ses mêmes propres parents, sa même propre soeur. Tout cet univers qui se croyait tellement tout et tellement lui et qui aujourd'hui se regarde de loin. En 1984 un petit garçon ignorait tout de lui et se croyait quelqu'un. Il ne savait pas qu'il serait un jour patineur, ingénieur, travaillant peut être chez Silicom, que son horizon était fuyant!
Mais en 2004 on n'en sait guère plus sur lui! En 2004 il ne s'est pas installé, il ne s'est pas stabilisé et il ne pourra vous parler que de rêves d'enfant si vous lui parlez de 2024! Car en 2004 il croit que sa vie aboutit, qu'il prend son futur en main. mais comme il a vécu 1984, il sait que si à chaque heure il ressent cette sensation, il aura parcouru autant de chemin entre 2004 et 2024 qu'entre 1984 et 2004.
1 commentaire:
Well said.
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